ULTIMA
NECAT
NOTE D'INTENTION
En m’appuyant sur la récitation musicale de poèmes d’Arthur Rimbaud et de Stéphane Mallarmé, je développe des techniques de déclamation — quelles formes au XXIe siècle pour cet art tombé en désuétude ? — en musique. À chaque fois, je propose à un compositeur / improvisateur de se joindre à moi, pour une miniature, un instantané. Nous jouons hors plateau, dans les foyers, les cinémas, les bords, les médiathèques, les sous terrains. Nous cherchons ensemble de produire une écoute pour aveugles, des images dans les bruits et les mots. L’important, tout autant, c’est de donner voie — voix ! — à ce que ces poèmes transportent d’images lointaines, immémoriales, tragiques. Dans le nouveau, on reconnaît l’ancien.Avec ce projet, nous avançons par étape, à rebours des procédés usuels de création. Nous progressons dans la rencontre avec le public, dans cet espace réel du théâtre qu’est l’écoute conjuguée d’une assemblée de spectateurs. Ce que nous cherchons est en prise directe avec cette matière théâtrale — un lieu de transformation. Chaque musicien porte une différence dans son rapport et sa pratique, chaque public itou, et la question n’est donc pas de trouver un pli, mais au contraire de déplier, patiemment, et de plus en plus expertement jusqu’au poème de la représentation.Ce cycle de travail correspond également à une mise en jeu d’une réflexion de fond sur le format. Comment format de production et format de l’œuvre se tiennent ? Comment le geste aussi radical en son temps que celui du plasticien Carl Andre — qui décidait de ne pas avoir d’atelier, de ne produire que sur et à partir du lieu d’exposition et de ne pas conserver d’œuvres à lui — a pu changer l’art ? En avançant très humblement à l’endroit du théâtre, quel changement cela permet que de venir dans la chose qui se cherche avant que d’être trouvée, mais avec l’intégrité dune recherche qui la contient ?
Théâtre de création - Nancy